Égalité ou Liberté
Les législateurs ou les révolutionnaires qui promettent en même temps l'égalité et la liberté sont des illuminés ou des charlatans.
Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832), Maximes et Réflexions.
A suivre...
Blog libéral, libertarien et anarcho-capitaliste centré sur les questions de morale, de société et de politique.
Les législateurs ou les révolutionnaires qui promettent en même temps l'égalité et la liberté sont des illuminés ou des charlatans.
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3/10/2008 10:16:00 PM
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Jacques Ellul (1912-1994) est un universitaire bordelais. À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il s’inscrit à l’Union Démocratique et Socialiste de la Résistance (U.D.S.R.), parti politique de gauche dont le membre le plus célèbre fut François Mitterrand. Sociologue et historien du droit, son maître livre « La technique ou l’enjeu du siècle » (1954) connaît une renommée mondiale. Après mai 1968, il apporte son soutien aux objecteurs de conscience et aux militants antimilitaristes, et anime des groupes de jeunes non-violents auxquels participe notamment un certain José Bové.
"Propagandes" (1962, Armand Colin) de Jacques Ellul
Chapitre premier : Les caractères de la propagande
Section 2 : Les caractères internes
Paragraphe c) : Les courants fondamentaux de la société
Page 54, Jacques Ellul dit au sujet de la propagande :
Elle doit aussi refléter les particularisations locales, nationales. Ainsi, en France, il existe une tendance globale vers la socialisation, qui ne peut être remontée ni mise en question. La gauche est légitime. La droite est obligée de se justifier devant l’idéologie de gauche (à laquelle participent même les hommes de droite) ; et toute propagande est obligée pour réussir de contenir en elle les principaux éléments de l’idéologie de gauche, et doit les évoquer, sans quoi elle ne serait pas reçue.
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1/17/2008 09:40:00 PM
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Je suis arrivé à un âge où on a déjà un certain recul: on se souvient exactement comment les choses étaient il y a 30 ans, on voit comment elles sont aujourd’hui, et on peut faire la comparaison. J’ai aussi eu la chance de vivre dans 3 pays différents, pendant assez longtemps, et en étant assez immergé dans la vie locale pour pouvoir faire des comparaisons.
Tout cela fait énormément de données sur les êtres humains, la société, l’économie, la politique, etc. Une telle masse de données demande à être organisée, structurée. Elle demande d’être intégrée à un modèle de l’être humain, de la société, de l’économie, de la politique, de l’histoire, de la philosophie, etc.
Or, je n’ai pas fait qu’observer ce qui se passait autour de moi, j’ai aussi écouté les théories que l’on faisait à ce sujet. Tous les hommes politiques, tous les économistes exposent leur vision du fonctionnement de la société. Tous les journalistes d’opinion, les pamphlétaires, proposent des explications. Ces explications sont variées dans une certaine mesure, mais elles ont aussi – malgré leur diversité superficielle – certains présupposés en commun. Ces présupposés, rarement avoués explicitement mais bel et bien présents, sont en fait les marques caractéristiques de leur origine:
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12/14/2007 12:55:00 PM
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Voici un texte fondamental de Murray Rothbard prouvant que l'Etat n'est rien d'autre qu'un parasite. La version originale s'intitule Anatomy of the State, et parut pour la première fois dans le Rampart Journal of Individualist Thought, Vol. 1, No. 2 (1965). Cet article a été ensuite reproduit dans le livre Egalitarianism as a Revolt Against Nature and Other Essays (2000) publié par le Ludwig von Mises Institute. Cette traduction française est l'œuvre de Fabrice Ribet.
Version PDF intégrale à télécharger (258 KB): L'anatomie de l'Etat
Alternativement, cet article est divisé en 9 sections qui peuvent être consultées sur l'excellent blog libertarien (avec des images!) de l'ex-énarque Copeau :
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10/28/2007 10:24:00 AM
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Pour mémoire, Noam Chomsky peut être considéré comme l'inventeur de la linguistique moderne. Donc pas un petit-braquet au niveau du cerveau.
Il est plutôt marqué à gauche. Si un libéral conservateur comme moi vous traduit ses pensées, en moyenne ça sera objectif.
"C'est seulement dans les histoires folkloriques, dans les contes pour enfants, et dans les journaux d'opinion intellectuels [Note de Gallatin: par exemple Le Monde et le Figaro] que le pouvoir est utilisé sagement et positivement pour détruire le mal. Le monde réel enseigne des leçons très différentes, et il faut faire preuve d'une ignorance volontaire et ciblée pour ne pas s'en apercevoir."
Noam Chomsky, discours intitulé "Le monde après le 11 septembre", conférence de l'AFSC à l'université Tufts, Massachusetts, Etats-Unis, 8 décembre 2001.
A suivre...
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10/08/2007 08:23:00 PM
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Ceci est la continuation de mon dialogue avec Emmanuel, l'auteur du blog français soutenant la campagne de Ron Paul, le candidat libertarien à l'investiture du parti républicain pour les élections présidentielles américaines de 2008. Nous en étions à débattre de l'idée selon laquelle les industriels et commerçants seraient motivés uniquement par une logique de profit maximum. C'est intéressant parce qu'Emmanuel pose tout haut des questions auxquelles la plupart de mes lecteurs pensent sans doute tout bas.
Jusqu’où cette quête du profit peut-elle aller sans détruire l’entreprise elle-même ? Qu’est-ce qui empêche cette culture du profit de violer les règles minimales de la vie en société ?(…) cette limite, c’est l’atteinte au droit de propriété et à la vie d’autrui. Si l’entreprise orientée vers le profit signe un contrat où elle promet de délivrer X dans le futur et qu’elle ne le fait pas, elle est voleuse. La loi la punira. La victime intentera un procès pour violation de son droit naturel à la propriété et le gagnera. Nul besoin de la moindre régulation !
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8/12/2007 10:24:00 AM
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Les différences font le sel de la vie. Si le monde était uniquement peuplé de clones génétiquement identiques les uns aux autres et psychologiquement conditionnés à penser pareil, ne serait-il pas un peu triste?
Il y aura toujours des gens au quotient intellectuel élevé, et d’autres à faible Q.I. Il y aura toujours des courageux et des lâches. Des gens capables de consentir des efforts qui ne paieront que dans dix ans, et d’autres qui sacrifient leur futur par paresse. Des gens capables de coopérer avec leur prochain pour tendre vers des objectifs communs, et d’autres qui en sont incapables.
Les premiers réussiront toujours mieux que les seconds.
Le seul moyen d’empêcher cela est d’imposer une égalité forcée qui nie et la nature humaine et la liberté. Staline, Mao et Pol Pot ont essayé. Même en assassinant des centaines de millions de leurs propres concitoyens, ils n'ont pas réussi. Il est extrêmement difficile de trouver de plus grands criminels qu’eux dans l’histoire de l’humanité.
Appelons “surdoués” les gens qui sont intelligents, courageux, orientés vers le long terme et coopératifs, et “gens normaux” les autres. Du point de vue des intérêts propres de la catégorie des gens normaux, et uniquement des gens normaux, que faut-il faire des surdoués? Les exterminer n’est ni humain, ni même utile. Les gens normaux bénéficient énormément de l’existence d’un Louis Pasteur, d’un Victor Hugo ou d’un Gustave Eiffel. Alors que faire de ces surdoués?
Il existe 2 possibilités:
A1) On leur interdit d’user de la contrainte sur les gens normaux: les gens normaux qui veulent ignorer un surdoué peuvent le faire, rentrer chez eux, et on les laissera tranquille. De plus, on met les surdoués en compétition les uns avec les autres: c’est-à-dire qu’ils se font concurrence entre eux pour le privilège d’interagir avec les gens normaux, et ce sont les gens normaux qui choisissent avec qui ils traitent.
Ou alors:
A2) On leur permet d’user de la contrainte physique pour forcer les gens normaux à obéir. De plus, on arroge un monopole local à chaque surdoué: à un instant donné, à un endroit donné, il n’existe qu’un seul surdoué auquel les gens normaux peuvent s’adresser pour remplir une fonction donnée.
La différence entre les 2 possibilités d’emploi pour les surdoués se résume donc ainsi: soit ils doivent user de persuasion dans un contexte de concurrence, soit ils peuvent user de la contrainte physique en situation de monopole.
Vues ces deux possibilités, il semble évident que les gens normaux bénéficient largement plus du premier mode d’organisation social que du second. Comme les surdoués sont plus intelligents, courageux, etc, le premier mode réduit leur avantage naturel en leur interdisant l’usage de la coercition physique et en les mettant en concurrence les uns contre les autres. Par contraste, le second mode accroît leur avantage naturel en leur remettant l’arme de la contrainte physique et en les protégeant de la concurrence des autres surdoués.
Le premier mode est celui du secteur privé. Dans le secteur privé, on ne peut pas forcer physiquement les gens à consommer un produit, et on est perpétuellement en situation de concurrence. Les surdoués qui exercent une activité dans le secteur privé s’appellent les créateurs d’entreprise et les chefs d’entreprise.
Le second mode est celui de l’état. Dans le secteur public, on utilise la police pour faire appliquer ses décisions par la force. Et on n’a pas de concurrence à craindre puisque les autres états n’opèrent qu’à l’intérieur de leurs frontières. Les surdoués qui exercent dans le secteur public s’appellent les hommes politiques et les hauts fonctionnaires.
Il est donc nettement préférable pour les gens normaux d’avoir affaire à des entrepreneurs qu’à des hommes d’état.
Pour être tout à fait exhaustif, je dois mentionner l’existence d’une légende qui prétend le contraire. Selon elle :
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8/10/2007 05:10:00 PM
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Dans le cadre de ma série sur le rôle régulateur de l'état, j'adresse enfin la question de savoir si les législations régulatrices réussissent à protéger les faibles, les naïfs, ceux qui n'ont pas le savoir, l'éducation, ou la maîtrise nécessaire de la complexité de notre société. C'est-à-dire je demande si les régulations atteignent le but qu’elles se donnent.
Interdire une action ou une transaction volontaire ne suffit pas à l’éliminer. Ça se passera quand même, mais « au noir ». La plupart des gouvernements interdisent la prostitution, et pourtant c’est le plus vieux métier du monde. La plupart des gouvernements interdisent la drogue, et pourtant il y a des drogués partout.
D’abord, les gens qui voudraient faire des choses proscrites se reportent sur des choses similaires mais permises. Si on ne peut pas faire de la pub pour certains médicaments, on en fera pour de la para-pharmacie (crèmes anti-rides, etc). Donc de toutes façons il y aura un moyen de capter l’argent des gens qui sont mal dans leur peau en leur vendant un peu de rêve. Si on ne peut pas consentir des prêts à des gens ayant peu de collatéral, on proposera des investissements peu rentables ou trop risqués pour capter les économies des gens qui rêvent de devenir riches sans travailler. Comme on ne peut pas tout réguler, tout interdire, il y aura une course-poursuite incessante entre les législateurs et les entreprises pour innover de manière à contourner les règles. Ça ne changera strictement rien, mais les perdants seront les contribuables qui paient les législateurs à pondre des lois inutiles, et les consommateurs qui paient les entreprises pour imaginer des produits inutilement complexes.
Ensuite, les gens qui voudraient faire des choses proscrites continueront à le faire dans l’économie souterraine. Il y aura des pilules qui se vendent sous le manteau dans des endroits louches. Il y aura des usuriers flanqués de collecteurs de dette musclés qui prêteront de l’argent aux gens désespérés. Au total, l’échange se fera quand même, mais hors de la protection de la loi. En cas de fraude, la victime ne pourra pas porter plainte pour demander réparation. Sûrs de leur impunité, les vendeurs de pilules et les prêteurs à gage seront systématiquement plus disposés à frauder. Donc en fin de compte c’est le consommateur qui se fera avoir.
Cette prohibition aura donc l’effet exactement opposé de celui recherché : elle ne protègera pas le consommateur, elle le livrera pieds et poings liés aux gangs de criminels.
A suivre...
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7/30/2007 08:06:00 PM
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Dans le cadre de ma série sur le rôle régulateur de l'état, je me demande maintenant si le gouvernement est le mieux placé pour protéger les faibles, les naïfs, ceux qui n'ont pas le savoir, l'éducation, ou la maîtrise nécessaire de la complexité de notre société.
On ne peut pas faire le bonheur de quelqu’un contre son gré. Or le gouvernement détient le monopole de la contrainte, de la coercition, de la force. Donc il est le moins bien placé pour faire le bonheur contre leur gré des faibles, des naïfs, de ceux qui n'ont pas le savoir, l'éducation, ou la maîtrise nécessaire de la complexité de notre société.
Pour donner une analogie, c’est exactement comme si je disais à une femme : « Voilà. J’ai bien réfléchi à ta situation. Et j’ai conclu que c’était mieux pour toi que tu m’épouses. Je ferai ton bonheur, même si tu es trop conne pour t’en rendre compte par toi-même. Donc je vais te forcer à me dire oui en face de monsieur le maire. Si tu refuses, je t’imposerais des amendes et/ou te jetterai en prison. »
Il est possible qu’effectivement cette pauvre fille bénéficie qu’on la convainque de m’épouser, mais ça ne peut en aucun cas venir de quelqu’un qui dispose de l’usage de la force et de la contrainte. De la part de quelqu’un qui a un bâton, tout argument devient une menace, et maintenir son désaccord devient un risque tangible.
On peut prévenir les gens qu’ils vont regretter leur décision, mais on ne peut pas les forcer. C’est exactement la politique étrangère de Ron Paul, le candidat à l’investiture républicaine pour la Maison Blanche. Il dit que, si on veut qu’une nation étrangère comme le Vietnam ou l’Irak devienne plus libre, on peut discuter ou faire du commerce avec elle, mais pas l’envahir.
Une bien meilleure source de protection pour les faibles est la concurrence. En effet, toutes les compagnies pharmaceutiques peuvent faire de la publicité pour leurs produits. Et pourtant les gogos ne vont pas acheter chaque produit vanté par la réclame. Il y aura concurrence entre les produits, et comme les consommateurs ont un budget limité à leur disposition, certains produits auront du succès et d’autres pas.
La distinction se fera-t-elle sur la qualité du spot de pub ? Même là, il y a concurrence entre les agences. Si une agence développe une nouvelle technique de marketing, les autres la copieront. A moyen terme, il faut bien supposer que l’efficacité d’une campagne publicitaire est proportionnelle à son budget, car le talent s’achète.
Donc quel produit sera gagnant ? Celui qui marche le mieux. C’est l’effet « bouche à oreille » : Madame Michu au 6ème étage a acheté des pilules Zorg et depuis je la vois monter et descendre les escaliers pour faire une promenade deux fois par jour, alors qu’avant elle sortait à peine trois fois par semaine pour faire ses courses. Même les consommateurs les plus idiots sont capables d’acheter des revues comme « Que choisir ? » ou « 50 millions de consommateurs » qui font des essais comparatifs. Ce sont d’ailleurs les plus consommateurs les plus avides qui sont les plus à même d’acheter de telles revues. Avec l’internet, il est difficile de croire que le produit le plus efficace ne s’adjugera pas la plus grosse part de marché. Les âmes charitables qui veulent voler au secours des simples d'esprit feraient mieux de fonder de telles revues ou de telles sites que de donner les pleins-pouvoirs aux gendarmes.
Ce n’est pas parfait, bien sûr, mais en moyenne, à long terme, la concurrence entre vendeurs protège les acheteurs. Dès qu’il y a concurrence, il est difficile de gagner des parts de marché en vendant du vent.
Là encore, l’exemple de Ron Paul est édifiant. Tous les candidats républicains dépensent leur budget à faire de la pub, et essaient de profiter de la puissance de l’internet. Mais ça ne marche que pour celui dont le message de liberté résonne avec l’américain de base. C’est le meilleur produit politique qui bat la concurrence à plate couture, même si la publicité est permise.
A suivre...
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7/30/2007 07:59:00 PM
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Dans le cadre de ma série sur le rôle régulateur de l'état, je me demande ici s'il est désirable de protéger les faibles, les naïfs, ceux qui n'ont pas le savoir, l'éducation, ou la maîtrise nécessaire de la complexité de notre société.
Une interdiction imposée par l’état frapperait tous les clients potentiels. Vue la diversité humaine, certains achetaient le produit ou le service pour de « bonnes » raisons, et d’autres pour de « mauvaises » raisons (en supposant qu’on soit assez omniscient pour pouvoir distinguer, assez arrogant pour être sûr de son jugement, et assez violent pour l’imposer par la force). Au nom de quoi sacrifie-t-on celui qui aurait bénéficié de l’achat pour « sauver » celui qui aurait fait l’achat pour de « mauvaises » raisons ? N’est-il pas immoral de pénaliser celui qui a assez de jugement pour prendre les « bonnes » décisions et de récompenser celui qui ne s’est pas donné la peine de réfléchir avant de dégainer son porte-monnaie ?
Si l’état pénalise un comportement et récompense un autre, fatalement le comportement pénalisé se fera plus rare, et celui récompensé plus fréquent. On aura donc une société où les gens perdront l’habitude de réfléchir par eux-mêmes, et prendront l’habitude de s’en remettre à l’état pour tout. On voit bien ce en quoi cela bénéficierait à l’état en tant qu’institution, mais on voit mal en quoi cela concourrait au progrès de la civilisation et serait dans l’intérêt de l’humanité.
Ce qui est désirable sur le plan éthique, c’est que chaque adulte soit responsable des décisions qu’il prend. Car si lui n’en est pas responsable, au nom de quoi un autre le serait-il ? Toute atteinte à la notion de responsabilité est profondément déshumanisante, infantilisante et humiliante. Si on traite les gens ainsi, il ne faut pas s'étonner qu'ils se comportent en animaux prisonniers de leurs plus bas instincts, en éternels adolescents insatisfaits, et en mendiants professionnels. Mais peut-être est-ce là le but recherché par nos chers dirigeants? Car une telle masse informe, incapable de volonté à long terme, est tellement plus facile à mener à la baguette avec du pain et des jeux...
Comptons les contents et les mécontents d’une telle interdiction soi-disant protectrice:
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7/30/2007 07:45:00 PM
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Dans le cadre de ma série sur le rôle régulateur de l'état, j'examine à présent l'idée selon laquelle il est possible de protéger les faibles, les naïfs, ceux qui n'ont pas le savoir, l'éducation, ou la maîtrise nécessaire de la complexité de notre société.
La triste vérité, c’est qu’on ne peut pas empêcher les gens de faire des conneries. A la limite, on ne pourra jamais empêcher les gens de se suicider. Si on empêche une connerie, les faibles, les naïfs, ceux qui n'ont pas le savoir, l'éducation, ou la maîtrise nécessaire de la complexité de notre société en feront une autre. Cela revient à faire un choix entre des conneries permises et d’autres qui ne le sont pas. Mais à partir du moment où la pire des conneries, qui est le suicide, sera toujours possible, ce choix est purement arbitraire, et on ne peut pas dire qu’on empêche les grosses conneries pour ne permettre que les petites.
D’ailleurs, une société où le suicide serait interdit serait une société infiniment triste. Les esclaves n’avaient pas le droit de s’auto-mutiler. Un soldat assujetti aux ordres de ses officiers n’a pas le droit de se suicider non plus. Ce sont là les deux conditions humaines qui représentent la négation parfaite de la liberté. La liberté, c’est aussi la liberté de faire des conneries.
En général, ce sont les sociétés les plus sévèrement contrôlées, c’est-à-dire celles où les gens ont le moins le droit de faire leurs propres conneries, qui ont le taux de suicide le plus élevé.
En allant un cran plus loin, si on veut le modèle d’une société où le suicide est non seulement interdit mais impossible, il y en a un seul : l’enfer décrit par Jean-Paul Sartre dans sa célèbre pièce de théâtre "Huis Clos". Même battre des paupières pour se reposer un instant des tourments de l’enfer était impossible.
Si donc on reconnaît que disposer librement de son corps est une condition fondamentale de la dignité humaine, ce qui implique de pouvoir en user pour le bien ou le mal, le développer ou le meurtir, alors a fortiori les gens peuvent faire les autres conneries de moindre importance qui ne mettent en danger que les biens matériels en leur possession.
De plus, il est complètement impossible de juger de manière objective du caractère inutile, défectueux ou nocif d’un produit ou d’un service. Un placébo, par exemple, est inutile parce qu’il ne contient aucun médicament actif, et pourtant il guérit certains malades par un effet purement psycho-somatique. L’espérance mathématique de gain au loto est négative, et pourtant ça donne un peu de joie et d’excitation aux gens qui n’en ont pas d’autre. Transpercer ses organes génitaux avec des petits bijoux est nocif, et pourtant beaucoup de jeunes adorent ça. On pourrait multiplier les exemples à l’infini.
Pour déterminer si l’interdiction de telle ou telle transaction commerciale protège le client (qu’on suppose naïf), ou au contraire lui nuit, il faudrait lire dans son âme. On ne sait pas pourquoi les gens font ce qu’ils font. Il faudrait être Dieu pour en juger. Or aucun homme et aucune collectivité d’hommes ne peut se prendre pour Dieu. Ça serait fou et dangereux.
Cette attitude présuppose que celui qui porte le jugement est omniscient et supérieur au client dit « faible et naïf ». C’est une négation profonde du principe d’égalité auquel les Français, et surtout les agents de l’état, se disent si attachés. Et pourtant il faut bien être supérieur pour juger qu’un autre est incapable de savoir ce qui est bon pour lui. L’état ne peut pas se positionner par rapport à ses administrés comme un père vis-à-vis de ses enfants en bas âge, ce serait profondément insultant et infantilisant. Les membres de l’appareil d’état sont des hommes comme les autres, ni plus sages ni plus justes, et le fait d’avoir passé un concours de fonctionnaire ou gagné une élection ne leur confère aucun pouvoir divinatoire surhumain.
A suivre...
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7/30/2007 07:26:00 PM
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