Les vendeurs se foutent des acheteurs

Dans le cadre de ma série sur le rôle régulateur de l'état, j'examine à présent l'idée selon laquelle les industriels et commerçants agiraient sans considération pour l'intérêt de leurs clients.

Le point faible de cette théorie c'est que, sans client, l’entreprise fait faillite du jour au lendemain. Il faut donc satisfaire le client. La vérité du secteur marchand, c’est que le client est roi. Quiconque ignore ce principe fondamental court à sa perte.

Les clients n’aiment pas se séparer de leur argent. D’ailleurs, pour provoquer la chute d’une entreprise, les clients n’ont pas beaucoup à lutter : il leur suffit de rester chez eux, sans faire l’effort de se déplacer et d’aller faire leurs courses dans cette entreprise. Pour que les clients sortent leur porte-monnaie, il faut vraiment qu’ils le veuillent. Il faut qu’au moment de l’acte d’achat, ils pensent que c’est dans leur intérêt propre de faire cette transaction. Le client achète uniquement si l’usage qu’il fera du produit ou du service lui semble préférable aux autres usages alternatifs auxquels il aurait pu affecter son argent. Les industriels et commerçants qui agissent sans considération pour l'intérêt de leurs clients se retrouvent au chômage.

La première préoccupation d’un industriel ou d’un commerçant est donc d’agir dans l'intérêt de son client, tel que ce client lui-même le définit au moment de l’acte d’achat.

Qui mieux que le client lui-même peut définir ce qui est son intérêt propre ? Je n’ai pas de fenêtre sur l’âme humaine. Je ne peux pas savoir les motivations secrètes qui poussent un client à agir. Et même si je le savais, au nom de quoi passerais-je jugement ? Personnellement, je ne veux certainement pas qu’on me dire ce que je dois acheter, ou même ce que je dois faire. Je revendique la liberté de prendre mes propres décisions et d’en assumer les conséquences, bonnes ou mauvaises. Je ne suis pas un enfant !

De plus, à quel autre moment le client doit-il évaluer son intérêt propre, sinon au moment de l’acte d’achat ? Comme on dit : avant l’heure, c’est pas l’heure ; après l’heure, c’est plus l’heure. Avant l’achat, le client a le temps de changer dix fois d’avis. Après l’achat, il va soit regretter son acte, soit s’en féliciter. Il ne peut pas savoir à l’avance. Il prend ce risque, et il l’assume. Cela s’appelle être responsable de ses propres actes. Si je ne suis pas responsable de mes actes, je ne suis pas un homme, et je ne peux pas vivre en société. Les adultes déclarés irresponsables sont enfermés dans un asile. On les relâche quand ils ont convaincu les psychiatres qu’ils peuvent se conduire en public de manière responsable, pas avant. Et c’est tant mieux.

En conclusion, le fait que les industriels et commerçants agissent dans l'intérêt de leurs clients, tels que ces clients eux-mêmes le définissent au moment de l’acte d’achat, est tout à fait nécessaire et conforme à la nature de l’homme et de la société.

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