Contrat Social

Il est toujours bon de relire les textes fondateurs des pensées ennemies. D'ailleurs j'ai relu récemment le Manifeste du Parti Communiste (1848) de Marx et Engels et je ne me suis pas ennuyé... Le problème de la France aujourd'hui, c'est qu'au nom du contrat social on a instauré un régime tyrannique où l'état et ses acolytes volent, briment et dégoûtent tous ceux qui ont envie de produire quelque chose. On nous soûle d'égalité, de solidarité citoyenne et autres billevesées, alors il faut remonter à la source de toutes ces idées malsaines, le fameux livre de Jean-Jacques Rousseau: Du Contrat Social (1762).

Je l'ai lu, et c'est à vous faire dresser les cheveux sur la tête. Selon wikipedia, il est à la base de la conception française de la démocratie. On n'est pas sorti de l'auberge.

L'idée d'un contrat social, c'est que pour ne pas vivre comme un sauvage dans son trou, il faut accepter certains conventions dans ses relations aux autres. A priori, pourquoi pas: c'est vrai que les interactions avec d'autres hommes posent des problèmes que Robinson Crusoé seul sur son île ne connaissait pas, donc elles appellent des solutions spécifiques. Mais c'est quand Rousseau décrit les caractéristiques de ce contrat qu'on a envie de s'enfuir en courant ou de l'enfermer dans un asile de fous en compagnie du Marquis de Sade et d'Hannibal Lecter.

Commençons par les bases. Livre I, Chapitre VI: Du Pacte Social. Rousseau analyse les clauses que le contrat social doit comporter.

Les clauses de ce contrat sont tellement déterminées par la nature de l'acte que la moindre modification les rendrait vaines et de nul effet.
Ça donne le ton: pas le droit de discuter! N'importe qui ne serait pas d'accord avec les clauses telles que Rousseau les énonce serait responsable du retour de l'humanité à l'âge des cavernes. Je n'ose imaginer le traitement que l'état serait "légitimement" amené à faire subir à un tel dissident. Pas vraiment ouvert d'esprit ni tolérant de la dissenssion, comme attitude... Alors quelles sont-elles, ces fameuses clauses que nul impudent ne saurait remettre en doute?
Ces clauses bien entendues se réduisent toutes à une seule, savoir l'aliénation totale de chaque associé avec tous ses droits à toute la communauté. (Livre I, Chapitre VI)

Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale (Livre I, Chapitre VI)

Chaque membre de la communauté se donne à elle au moment qu'elle se forme, tel qu'il se trouve actuellement, lui et toutes ses forces, dont les biens qu'il possède font partie. (Livre I, Chapitre IX)

Car l'Etat à l'égard de ses membres est maître de tous leurs biens par le contrat social, qui dans l'Etat sert de base à tous les droits (Livre I, Chapitre IX)
C'est du communisme pur et dur! L'individu n'est rien, l'état est tout. Si on ne veut pas vivre comme un loup solitaire dans la forêt, il faut accepter d'être l'esclave de l'état. Je suis désolé, mais si c'est ça le contrat social, je ne veux pas le signer. Je ne veux pas non plus faire partie d'un pays qui fonde ses structures sur ce concept d'écrasement de l'homme. A mon avis, il existe des manières de gérer ses rapports avec les autres qui n'exigent pas un tel asservissement. L'axiome de non-agression, pour être précis. Les gens qui nous jettent le contrat social à la figure à tout bout de champ, ils savent que ça exige l'aliénation de tous les droits individuels? Si oui c'est des salauds, si non c'est des cons.
Afin donc que le pacte social ne soit pas un vain formulaire, il renferme tacitement cet engagement qui seul peut donner de la force aux autres, que quiconque refusera d'obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps: ce qui ne signifie autre chose sinon qu'on le forcera d'être libre
Fantastique. On va forcer les gens à être libres. Car l'aliénation totale de chacun avec tous ses droits, c'est la liberté, bien sûr. Il fallait y penser. On croirait entendre la novlangue de Big Brother dans le roman 1984 de George Orwell. Quel génie en avance sur son temps, ce Rousseau!

Le Livre II repart très fort. Chapitre I: la souveraineté de l'état sur ses citoyens est inaliénable. Chapitre II: la souveraineté de l'état est indivisible. Chapitre III: les décisions de l'état sont infaillibles. Chapitre IV: l'état est seul juge des bornes de son propre pouvoir souverain. On peut donc lui faire confiance pour ne pas en abuser... Ah oui, j'oubliais, il est infaillible. Chapitre V: l'état a droit de vie ou de mort sur ses sujets. C'est normal, il faut pouvoir punir les esclaves rebelles, sinon la maison sera mal tenue.
Autre difficulté qui mérite attention. Les sages qui veulent parler au vulgaire leur langage au lieu du sien n'en sauraient être entendus. Or il y a mille sortes d'idées qu'il est impossible de traduire dans la langue du peuple. Les vues trop générales et les objets trop éloignés sont également hors de sa portée
Rousseau prend donc les gens pour des imbéciles. C'est vrai que pour gober les énormités qu'il profère, il vaut mieux avoir le cerveau en compote.
Voilà ce qui força de tout temps les pères des nations à recourir à l'intervention du Ciel et d'honorer les dieux de leur propre sagesse, afin que les peuples, soumis aux lois de l'Etat comme à celles de la nature, et reconnaissant le même pouvoir dans la formation de l'homme et dans celle de la cité, obéissent avec liberté et portassent docilement le joug de la félicité publique.
Obéir avec liberté et porter docilement le joug de la félicité publique. Beaux exemples supplémentaires de novlangue. La servitude, c'est la liberté. Ben voyons. La guerre, c'est pour la paix. Et puis quoi encore? Le vol, c'est l'égalité. Mais qu'on l'enferme dans sa camisole de force, ce type! Il est dangereux.

Je n'en suis même pas au tiers du bouquin, mais pas la peine de continuer. Je pense qu'on a assez de preuves à charge dans le dossier. Le contrat social, c'est un piège à gogos. C'est le communisme le plus dur. Robespierre et Lénine, même combat. Relisez Soljenitsyne et Arthur Koestler si vous voulez voir où ça mène. Quant aux étatistes de tout crin qui s'abritent derrière le contrat social pour saigner la France aux quatre veines, honte à eux.

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