Contrainte

On rencontre souvent des gens équilibrés, paisibles et bien intentionnés qui, au détour d'une conversation anodine, expriment le souhait que l'état intervienne pour remédier à quelque problème. Par exemple, un ami peut très bien dire qu'il soutient la cinquième proposition du pacte écologique de Nicolas Hulot : promouvoir une grande politique nationale d'éducation et de sensibilisation à l'écologie et au développement durable.

Il s'agit de changer les programmes éducatifs imposés à tous les enfants pour sacrifier certaines matières moins à la mode comme le français ou les mathématiques afin de faire place nette pour l'écologie. Nicolas Hulot veut aussi lancer de coûteuses campagnes de publicité afin de remodeler les désirs et les décisions des gens dans le sens écologique. Le tout sera financé par un budget ambitieux prélevé sur la richesse produite par les contribuables et géré par lui-même ou quelqu'un comme lui.

Le libéralisme est viscéralement hostile à toute tentative d'élargir le domaine d'action de l'état. Notons en passant qu'il s'agit toujours de l'élargir et jamais de le rétrécir: quel homme politique a jamais dit que si on vote pour lui, l'état arrêtera de s'occuper de tel ou tel domaine parce que ce n'est pas son rôle? Quel ministre a déjà fermé son ministère, licencié son personnel, vendu ses bâtiments et brûlé ses archives?

Revenons à nos moutons: que répondre à un ami qui soutient la proposition de Nicolas Hulot ? On peut nier la réalité scientifique de l'effet de serre, admettre qu'on se contrefiche du destin de la planète, ou bien dire que c'est jeter l'argent par les fenêtres parce que les Français n'en font qu'à leur tête de toute façon. Mais ça risque de ne pas être très bien reçu.

En fait, comme le montre Stefan Molyneux, la vraie réponse libérale est ailleurs. Elle est à la fois plus simple, plus universelle et plus élégante.

Si mon ami voulait payer de sa poche pour financer la proposition de Nicolas Hulot, soit. Mais ce n'est pas du tout ça qu'il veut. Il veut que moi, qui ne suis pas d'accord avec cette idée, je sois forcé de la financer sous peine de me faire tirer dessus par la police ou violer en prison. Vous avez déjà essayé de ne pas payer vos impôts parce que vous désapprouviez la manière dont ils sont dépensés, pour voir ce qui vous tombe dessus?

Soutenir la proposition de Nicolas Hulot, c'est valider l'usage de la contrainte étatique pour forcer les récalcitrants à financer une activité à laquelle ils sont opposés. Autant que mon ami dise qu'il voudrait sortir son revolver sur le champ et ponctionner mon argent lui-même pour le donner à Nicolas Hulot. Il le fait par personne interposée et avec un délai dans le temps, ce qui est plus lâche, mais ça donne exactement le même résultat. Est-ce ainsi que les amis se traitent entre eux?

Une fois que notre ami aura pris conscience de la violente contrainte impliquée par son soutien à la proposition de Nicolas Hulot, espérons qu'il changera de refrain.

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