Redistribution

Une des caractéristiques les plus funestes de la démocratie est sa tendance inéluctable à redistribuer les richesses de ceux qui les ont produites vers ceux qui ne les ont pas produites. Comme je l'ai déjà noté, un seul mot décrit correctement ce phénomène: c'est le mot "vol".

Dès l'antiquité, la raison pour laquelle Aristote voyait dans la démocratie une forme de gouvernement déviant et dégénéré est parce qu'elle a pour but le seul intérêt des pauvres au détriment de l'intérêt général de la société toute entière. Par exemple le taux d'imposition progressif, où les riches paient un plus gros pourcentage de leurs revenus que les pauvres, était une idée révolutionnaire avancée par Karl Marx et Friedrich Engels dans le Manifeste du Parti communiste de 1847 - maintenant c'est banal. Il est fascinant de voir comment cette redistribution qu'on savait bien être du vol il y a un siècle et demi est aujourd'hui considérée comme acceptable par les bien-pensants.

Outre le problème moral, je m'insurge contre cette manie redistributrice, fléau de la société occidentale moderne, en détaillant ses trois coûts: 1) elle réduit l'incitation des éléments les plus productifs à travailler plus et mieux en les privant du fruit de leurs efforts; 2) elle réduit l'incitation des éléments les moins productifs à faire l'effort de s'en sortir par leurs propres moyens en récompensant leur négligence; 3) elle détourne des activités productives la caste des fonctionnaires chargés de mettre en place le processus de redistribution et qui en profitent pour se sucrer au passage. Clairement l'implication conjuguée de ces trois effets est que, plus il y a de redistribution, moins il y a de richesses créées, et plus les gens s'appauvrissent relativement à ce qu'ils auraient pu réaliser en l'absence de redistribution.

J'ajoute que la charité, la générosité sont des impulsions humaines innées qu'on retrouve dans toutes les sociétés, des plus primitives aux plus avancées. Par exemple les Américains sont dix fois plus généreux que les Français. Le principe de l'action humaine dit que chacun agit dans son intérêt tel qu'il le définit lui-même au sens le plus large, et pas seulement au sens strictement matérialiste, ce qui inclut souvent le plaisir de donner à l'autre. Donc penser qu'en l'absence de solidarité imposée par l'état il n' y en aurait aucune est parfaitement idiot. Il y en aurait une, elle serait juste de nature et de niveau différents. Mais qui peut dire quels sont la nature et le niveau "corrects" de générosité? La redistribution de 2% des revenus? De 15% ? 50% ? Personne ne sait, et surtout pas l'état. Comme la volonté de donner ne peut venir que du cœur de l'homme, il n'existe aucun point de référence objectif pour en juger. Le seul niveau optimal est celui qui n'est pas forcé. Il faut laisser les gens donner ce qu'ils veulent à qui ils veulent, car toute coercition dans ce domaine en particulier est horrible. Souvenons-nous que la différence entre le don de soi qui est librement consenti et celui qui ne l'est pas est cruciale: c'est la différence entre faire l'amour et être violée.

Finalement je dois montrer du doigt l'échec spectaculaire du pays qui avait porté le principe de la redistribution des richesses à son paroxysme en nationalisant pratiquement tous les moyens de production: l'URSS. Le système communiste s'est effondré en 1989 parce qu'il a grippé le mécanisme naturel d'ajustement des prix par le libre jeu de l'offre et de la demande, étouffant les signaux de rareté ou d'abondance diffusés à travers toute l'économie par les prix qui montent ou qui baissent en temps réel, empêchant ainsi toute coordination entre les multiples intervenants, tout calcul de la manière la plus économe en ressources rares de produire tel ou tel bien, exactement comme l'avait prévu Ludwig von Mises juste trois mois après la prise du pouvoir par Lénine.

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