Propriété privée

La nature de l'homme est d'être libre de choisir ses actions suivant les objectifs qu'il se donne et les conditions extérieures. Mais cette notion de liberté est complètement abstraite, voire inutile, si l'on ne précise pas quels moyens il peut employer à cette fin.

Le libéralisme implique-t-il que chacun est libre de faire n'importe quoi? Non, sauf si on est seul sur une île déserte. Dans le monde réel, tout le monde ne pourrait pas être libres de faire n'importe quoi en même temps, sinon ça provoquerait des contradictions. Si monsieur A veut blesser monsieur B et que monsieur B veut garder son corps intact, ils ne peuvent pas réussir tous les deux.

Il est donc essentiel de savoir où s'arrête le champ d'action de la liberté d'un homme donné et où commence celle de son voisin. Cette frontière définit la propriété privée de monsieur A par opposition à celle de monsieur B. Monsieur A est complètement libre de faire ce qu'il veut avec sa propriété privée, à condition qu'il n'empiète pas sur celle de monsieur B. Et vice-versa.

Premièrement, un homme possède son propre corps. Sinon il serait esclave, et non libre. Cela semble évident, et pourtant ce premier principe est bafoué tous les jours.

Si un homme veut injecter des drogues dans son corps, ça ne regarde que lui, puisqu'il possède son corps. Les libéraux demandent donc la légalisation immédiate de toutes les drogues. Ceci aurait pour conséquence heureuse de stopper les activités criminelles liées au trafic de drogue, et les revenus que les mafias tirent de ce trafic. Par exemple, il existe 751 cités d'immigrés en France où les trafiquants de drogue usent de leur argent, leur force et leur autorité pour empêcher les services de sécurité de pénétrer et de protéger les honnêtes gens. Ce phénomène disparaîtra complètement quand on achètera de la cocaïne au supermarché.

Tout aussi important, cela retirerait aux gouvernements leur meilleure excuse pour s'immiscer dans les affaires financières des gens normaux. En effet, la plupart des lois récentes entravant les mouvements internationaux de capitaux sont ostensiblement justifiées au nom de la lutte contre le blanchiment de l'argent de la drogue, alors qu'en réalité elles visent à empêcher les honnêtes gens de protéger l'argent acquis à la sueur de leur front contre les tentatives de prédation gouvernementale.

Deuxièmement, un homme possède le fruit de son labeur, créé par l'exercice de son corps, cerveau inclus. C'est pourquoi les soi-disant politiques de redistribution de la richesse sont vides de sens. Comme toute richesse a forcément été créée par quelqu'un, elle lui appartient. Il n'existe pas de richesse «détachée de son créateur» à redistribuer. Ce cas particulier illustre une maxime plus générale: la politique est l'art de spolier les producteurs.

Troisièmement, un homme peut acquérir les ressources qui n'appartenaient à personne en y mélangeant son labeur. Aux premiers temps de l'agriculture, si vous défrichiez un terrain vierge, y installiez votre ferme et y plantiez des poireaux, alors le terrain vous appartenait. Dans la vie moderne, cet exemple agricole n'est plus aussi pertinent, mais le principe demeure.

Quatrièmement, tout homme possède les biens qu'il a acquis par l'échange librement consenti avec d'autres. Un cas particulier est quand l'un des deux biens échangés est une certaine quantité de monnaie, auquel cas on parle d'achat ou de vente, et non de troc. Un autre cas particulier est quand on échange un bien contre un service, ou un service contre un autre. Un dernier cas particulier est quand on échange un bien ou un service contre rien du tout, auquel cas on parle de don. Tant que les deux parties impliquées dans l'échange sont consentantes, il n'y a rien à redire.

Cette théorie de la propriété privée est due au grand penseur des lumières John Locke (Second traité sur le gouvernement, 1690), que Voltaire a découvert et apprécié lors de son exil forcé en Angleterre. Elle est universelle et même les enfants de 3 ans la comprennent instinctivement. On l'appelle généralement la théorie des droits naturels.

Cette théorie permet de délimiter clairement ce qui est acceptable dans les relations sociales de ce qui ne l'est pas. Monsieur A est libre de faire tout ce qu'il veut avec ce qui lui appartient, à condition qu'il n'empiète pas sur la propriété de Monsieur B sans son consentement. Pour revenir à l'exemple du départ, Monsieur A n'a pas le droit de blesser Monsieur B à moins que ce dernier ne l'y ait préalablement invité. Néanmoins, au Royaume-Uni, même si Monsieur B demande à Monsieur A de le blesser (mettons qu'il soit masochiste), le juge les flanquera tous les deux en taule!

Violer les droits naturels est l'activité favorite de l'état.

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